La situation financière de votre entreprise se détériore? Envisagez une restructuration afin de retrouver la voie de la rentabilité.
L’important est de ne pas attendre que la situation dégénère. Soyez proactif et réagissez avant qu’il ne soit trop tard.
Pour réagir de façon appropriée et à temps, vous devez être à l’affût des signaux d’alarme, sans les minimiser. Ces signes avant-coureurs sont multiples : croissance rapide, baisse de rentabilité ou pertes répétées, perte d’un client important, problème de qualité majeur, systèmes financiers peu performants, etc.
Ces événements de vie d’une entreprise, lorsqu’ils ne sont pas traités de manière adéquate, aboutissent à un manque de liquidités, dont les conséquences sont nombreuses :
- difficulté à payer les factures et les salaires;
- non-respect des conditions de financement;
- ratios financiers qui se dégradent;
- information financière de l’entreprise manquant de précision et qui n’est pas à jour;
- taux de roulement du personnel en forte augmentation.
Il est important de rester à l’affût des signes avant-coureurs et d’agir le plus promptement possible pour éviter une crise de liquidités majeure. Plus le temps passe, moins il y a d’outils pour aider l’entreprise.
Poser un diagnostic
Avant tout, il faut faire le point et poser un diagnostic réaliste de la situation.
1- Analyser la situation
Analysez la situation opérationnelle par activité ainsi que la structure financière. Cet exercice vous aidera à repérer l’origine de vos problèmes. Il faut tout vérifier, service par service, employé par employé, en révisant au besoin les dépenses, les tâches et les processus opérationnels. Vérifiez également que votre équipement est en bon état de marche et performant.
2- Consulter les employés
N’oubliez pas de consulter vos employés : ils vous renseigneront sur certaines lacunes et vous proposeront des solutions.
3- Établir les prévisions d’encaisse
Ensuite, établissez des prévisions d’encaisse à court terme (trois mois) ainsi que votre capacité d’emprunt. Le nerf de la guerre dans une restructuration, ce sont les liquidités, car elles vous donneront le temps nécessaire pour redresser votre entreprise. Ces prévisions à très court terme sont cruciales. Elles vous indiqueront le délai à l’intérieur duquel vous devrez agir avant que les fonds manquent.
4- Évaluer la viabilité à long terme
Enfin, évaluez la viabilité à long terme de votre entreprise en établissant des prévisions financières mensuelles (pour la première année) et annuelles. Envisagez différents scénarios : ils serviront à déterminer votre marge de manœuvre et à intervenir pour dégager une marge suffisante, au besoin.
Demander de l’aide
Une restructuration est une opération complexe et exigeante. Vous en aurez plein les bras à gérer les urgences et les activités quotidiennes.
Faites-vous accompagner par un expert
Ainsi, il est hautement recommandé de vous faire accompagner par des spécialistes en restructuration. Ils analyseront votre situation avec le recul nécessaire et vous guideront efficacement dans une démarche qui est sans doute nouvelle pour vous.
Entourez-vous d’une équipe de gestion de crise
Parallèlement, formez une équipe de gestion de crise et simplifiez la gouvernance pour être plus agile.
Assurez-vous du soutien de votre banquier
Autre point clé : communiquez rapidement avec votre banquier. Expliquez-lui ce qui se passe et parlez-lui de votre stratégie pour redresser la situation. Assurez-vous d’obtenir son soutien.
Portez attention à vos partenaires
De même, portez une attention spéciale aux relations et aux communications avec vos fournisseurs, vos clients et vos employés. Ce sont des acteurs clés dans la réussite de votre restructuration.
Les clés de la réussite d’une restructuration incluent la rapidité des actions, le fait de ne pas être complaisant et de s’attaquer aux vrais problèmes, ainsi que la fluidité des communications avec tous les intervenants.
Mesures de restructuration
Ensuite, vous devrez élaborer et mettre en œuvre diverses mesures de redressement. Elles sont de nature opérationnelle ou financière.
Mesures opérationnelles :
- Révision du plan d’affaires;
- Réduction des dépenses, en passant au peigne fin chaque service de l’entreprise. Attention de bien analyser l’impact de chaque réduction. Par exemple, quel sera l’effet d’une diminution de votre budget de publicité sur vos ventes?
- Fermeture des divisions non rentables, après une analyse détaillée de la rentabilité de chacune de celles-ci;
- Analyse de la rentabilité des contrats en vue de résilier ou de modifier ceux qui ne sont pas rentables. Par exemple, vous pourriez réduire le nombre de produits vendus à un client pour ne conserver que ceux qui sont rentables;
- Abandon d’un produit ou d’un service non rentable ou marginal pour vos objectifs d’affaires;
- Révision de vos processus opérationnels;
- Renégociation des baux de vos locaux;
- Négociation de nouvelles conditions d’emploi ou conventions collectives avec les employés.
Pour que ces mesures soient efficaces, établissez un plan d’action et des objectifs précis, faites des suivis périodiques et modifiez votre plan au besoin.
Notez que les mises à pied, ainsi que la résiliation d’ententes commerciales ou de baux commerciaux, peuvent être très coûteuses et compromettre la restructuration de vos activités.
Mesures financières :
- Révision de la gestion du fonds de roulement afin de dégager des liquidités rapidement pour avoir le temps de restructurer l’entreprise. Cherchez à allonger les délais de paiement aux fournisseurs et à réduire les délais de paiement de vos clients (par exemple, en leur offrant des rabais);
- Restructuration de la dette, en renégociant le remboursement des prêts sur une plus longue période et les taux d’intérêt;
- Vente de surplus d’actifs et liquidation de stocks excédentaires.
Deux approches de restructuration
Il faut s’entendre avec ses créanciers plutôt que de faire faillite si l’on veut assurer la continuité de l’entreprise.
Deux approches sont possibles :
- l’approche informelle, hors des procédures légales;
- l’approche formelle, dans le cadre de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité (LFI) ou de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).
Approche informelle
- Les procédures sont confidentielles. Il est donc possible de négocier un accord avec un créancier sans que les autres créanciers sachent les conditions de l’entente;
- Elle s’applique à des situations simples;
- Elle consiste à convenir d’arrangements avec un seul ou un petit groupe de créanciers aux intérêts similaires. Par exemple, cela peut être la renégociation de contrats;
- L’entreprise a un plan d’affaires et de réorganisation détaillé et complet (échéancier, coûts de la restructuration, etc.).
Approche formelle
- L’entreprise doit être insolvable, mais avoir le potentiel de redevenir rentable grâce à un plan de redressement. Être insolvable signifie ne plus satisfaire à ses obligations lorsqu’elles arrivent à échéance, ou avoir un passif plus élevé que l’actif;
- Les procédures sont publiques et encadrées par la LACC (pour les entreprises qui doivent plus de 5 M$ à leurs créanciers) ou la LFI;
- Cette approche permet de protéger vos actifs de toute saisie par vos créanciers;
- Pour recourir à l’une de ces lois, il faut faire appel à un syndic autorisé en insolvabilité, qui vous accompagnera lors des procédures.
Le dépôt des documents légaux nécessaires par le syndic déclenche automatiquement un gel des passifs et des procédures des créanciers. Vous aurez alors le temps d’élaborer un plan de restructuration avec l’aide du syndic.
Vous établirez aussi une proposition ou un arrangement avec vos créanciers. En moyenne, les propositions acceptées représentent de 8 % à 10 % des sommes dues.
La proposition est ensuite soumise au vote des créanciers (seuil de 50 % + 1 en nombre et les deux tiers en valeur des créances) pour que la proposition soit acceptée. La proposition lie l’ensemble des créanciers. Précisons qu’une forte majorité des propositions sont acceptées.
Si la proposition est acceptée, les administrateurs pourraient ne plus être responsables des dettes gouvernementales impayées (taxes de vente, etc.).
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