Comment une attitude bienveillante envers soi peut-elle rendre votre équipe plus performante? Apprenez l’autocompassion.
Submergé, résigné et impuissant. Ces états sont monnaie courante chez les gestionnaires et les employés, spécialement lors de périodes de grands bouleversements comme celle que nous avons vécu récemment et qui n’est d’ailleurs pas terminée. Ces dernières semblent parfois insurmontables et il est facile de se demander si notre contribution individuelle fait vraiment une différence. Une solution simple, mais peu intuitive, peut toutefois constituer un premier pas pour surmonter de tels états : la compassion envers soi.
Ayant récemment émergé de la littérature scientifique, ce concept mise sur le recentrement sur soi afin d’être plus solide pour affronter les défis à venir. La compassion envers soi aurait des bénéfices insoupçonnés, non seulement pour la personne qui la pratique, mais aussi pour son entourage direct et indirect.
Qu’est-ce que la compassion envers soi?
On connaît tous la compassion envers les autres, le fait d’être sensible et d’aider un tiers souffrant, mais qu’est-ce que la compassion envers soi? Comment vous y prendre? Surtout, comment cette attitude pourrait-elle rejaillir sur vos collègues?
Tout d’abord, la compassion envers soi consiste à adopter une attitude bienveillante envers soi-même lorsqu’on est confronté à une difficulté au lieu de s’autocritiquer. « Plus facile à dire qu’à faire », direz-vous. Effectivement, car nous avons une propension innée à exiger plus de soi que des autres, surtout quand ça va mal. C’est d’ailleurs une tendance fréquemment remarquée chez les gestionnaires.
Alors, comment fait-on pour être compatissant envers soi-même? Trois éléments sont à retenir :
- reconnaître ses forces et miser sur celles-ci (autogentillesse);
- relativiser, considérer ses insatisfactions et déceptions comme normales et faisant partie de l’expérience humaine (humanité commune);
- rester axé sur l’ici et le maintenant (présence attentive).
Comment faire la part des choses?
Voyons ce cas de figure. Vos collègues et vous avez la charge d’une vaste transformation numérique dans l’entreprise. En l’implantant, vous vous apercevez que vous avez sous-estimé les impacts de ce changement de logiciel avec vos fournisseurs. Cet ajustement étirera encore plus longtemps le temps d’implantation, alors que ce changement était dû pour hier et ne passait déjà pas super bien dans l’équipe. Vous êtes complètement découragé. Comment avez-vous fait pour ne pas voir ces impacts? Quelle erreur!
Dans cet exemple, il serait facile de se taper sur la tête et de se dire que tout est de votre faute. Est-ce que cette attitude vous donnera un élan pour la suite? Probablement pas, mais ce sera pourtant la réaction automatique de plusieurs d’entre vous.
Être compatissant envers soi impliquerait au contraire de :
- reconnaître qu’il y a eu des bons coups dans le processus;
- se recentrer sur vos forces, celles qui vous permettraient de vous en sortir (autogentillesse);
- se rappeler que les embûches font partie du processus de gestion des changements (humanité commune);
- se concentrer sur ce que vous pouvez faire maintenant pour corriger la situation (présence attentive).
La compassion n’est pas de la complaisance
Il ne s’agit pas ici de tout excuser et de prétendre que vous ne pouviez rien y faire. La compassion n’est pas de la complaisance. Il s’agit plutôt d’avoir une attitude bienveillante envers soi pour être son propre allié quand les choses vont mal, tout en reconnaissant sa responsabilité.
Cette attitude est susceptible de rendre votre vie beaucoup plus facile, tout comme la vie des autres autour de vous. Certaines études indiquent qu’une personne compatissante envers elle-même :
- aurait plus de ressources pour aider les autres, puisqu’elle connaîtrait mieux ses limites;
- contribuerait davantage à un climat d’équipe positif, puisqu’elle détecterait plus facilement les gestes de gentillesse autour d’elle et ferait de même en retour;
- stimulerait l’innovation en équipe en favorisant un environnement où l’échec n’est pas paralysant, mais plutôt une étape du processus créatif.
Il est même possible que la compassion envers soi d’un leader soit perçue comme inspirante pour une équipe et, ainsi, qu’elle motive les membres de l’équipe à être à leur tour plus compatissants envers eux-mêmes.
Des effets bénéfiques sur toute une équipe
Comme toute habileté, la compassion envers soi s’apprend, mais elle implique des efforts constants et conscients pour changer les raccourcis mentaux que l’on peut emprunter.
Des interventions pour apprendre la compassion envers soi peuvent être réalisées tant sur le plan individuel qu’organisationnel.
Avec ces avantages éloquents, il y a fort à parier que le leader de demain ne sera pas seulement performant, mais également compatissant envers lui-même.