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Avis d'experts

Perspectives économiques à l’ère de la COVID-19

Que nous réserve l’avenir économique au Québec et ailleurs en ces temps bousculés? Discussion éclairée sur les perspectives qui se dessinent.

C’est dans le cadre d’un premier Rendez-vous Tête à tête, série organisée par notre firme que le président et chef de la direction, Emilio B. Imbriglio, s’est entretenu, le 21 mai dernier, avec Martin Coiteux, chef, Analyse économique et stratégie globale de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Ensemble, ils ont parlé d’économie et de ses perspectives. Vous pouvez en tout temps revoir cette entrevue en ligne, mais en voici un aperçu.

Une crise temporaire, un choc brutal, mais passager

D’entrée de jeu, M. Coiteux soulignait que la crise actuelle ne peut se comparer à celle de 2008-2009, le Québec ayant pu traverser cette dernière avec des dommages bien moindres que ceux vécus dans d’autres régions du monde. La crise actuelle est beaucoup plus profonde bien qu’on ne puisse pas non plus la comparer à la grande dépression des années 30.

« On a mis en hibernation notre économie pour des raisons de santé publique, ce qui a occasionné une chute brutale, mais temporaire, car une reprise va s’amorcer. »

La Chine : un point de référence

Sur le plan mondial, la Chine a été le premier pays touché par le virus et l’économie a redémarré plus rapidement qu’ailleurs.

« C’est intéressant de regarder la Chine, car on en apprend beaucoup sur la nature de la reprise qui nous attend. Certains secteurs se remettent en activité et d’autres tardent […]. La production est réanimée beaucoup plus rapidement que la consommation dans certains secteurs. La demande reste relativement déprimée. Les secteurs sont entre 60 % à 90 % des activités normales », soutenait M. Coiteux.

Globalement, disait M. Coiteux, « la contraction de notre économie est moins forte qu’en Europe et plus qu’aux États-Unis ». Le secteur pétrolier canadien pèse plus lourdement qu’aux États-Unis, ce qui fait, entre autres, que notre économie est plus affectée. L’impact de la crise sur l’économie canadienne se situerait entre l’Europe et les États-Unis.

Perspectives sectorielles au Canada

M. Coiteux a abordé les impacts et la persistance du choc de la COVID-19 sur les industries. Selon son analyse, les entreprises résilientes sont celles qui subissent un impact faible à modéré sur l’emploi, selon un niveau de choc différent, alors que les industries touchées plus sévèrement sont réparties également selon deux catégories liées à la persistance du choc.

M. Coiteux expliquait notamment que les secteurs les plus touchés sont ceux qui sont les plus tributaires de la proximité des gens pour assurer leurs activités (ex. : culture et loisirs, hébergement et restauration), alors que ceux comme la finance, les administrations publiques ou encore les services professionnels où la technologie et la distance sont déployées permettent de générer un impact moindre.

Selon lui, cela démontre aussi que « les investissements technologiques nécessaires sont à prioriser dans l’avenir. Même une fois la crise terminée, les tendances vont se confirmer et s’affirmer davantage. […]. Cette crise, qui ne ressemble à aucune autre, n’affirme pas une rupture, mais vient confirmer des tendances, comme pour le télétravail », indiquait-il. (Pour plus de détails sur les secteurs présentés par M. Coiteux, visionnez la vidéo de l’entrevue et consultez la diapositive à 13 m., 31 s.)

Mesures d’aide : un soutien colossal

M. Imbriglio a invité M. Coiteux à parler de l’effort financier sans précédent des gouvernements, particulièrement celui fédéral dont l’aide octroyée correspond déjà à peu près à l’actif total de la Caisse, évalué à 300 G$.

À la question « Comment les Canadiens feront-ils pour rembourser ce fardeau? », M. Coiteux a répondu qu’en temps normal, « aucun gouvernement n’aurait choisi de faire un déficit de 300 G$ cette année ». Il faut donc plutôt considérer cela comme un investissement, car sans un tel effort, la reprise économique aurait tardé pendant des années : faillites d’entreprises, taux de chômage élevé et revenus discrétionnaires décimés auraient été le lot de l’économie québécoise.

« Un investissement, il faut que ça se rembourse », a déclaré M. Coiteux. « Ce qui va nous aider, c’est que les taux d’intérêt vont rester faibles pendant très longtemps. Ce fardeau, soutenu par des taux d’intérêt inférieurs à la croissance de l’économie, c’est quand même gérable. »

Le rôle de la Caisse

M. Coiteux a ensuite parlé du double mandat de la Caisse : gérer les rendements des déposants et assurer l’essor économique du Québec. À ces égards, le chef analyste économique a tenu notamment à mentionner que « la Caisse est solidement implantée et travaille étroitement avec les sociétés en portefeuille pour s’assurer que les meilleures décisions sont prises pour traverser cette période difficile. Même pour les entreprises qui ne seraient pas en portefeuille, on a déjà annoncé une enveloppe de 4 G$ disponible pour les entreprises, selon certains critères, qui vient aussi les appuyer dans la relance […]. Pour l’après-COVID, il y a aussi des investissements prioritaires pour la Caisse et pour des entreprises qui auront des projets. On était là avant la crise, on est là pendant. On va être là aussi pour la relance et on va être là pour l’après-relance », précisait-il.

En ce qui a trait au marché boursier, M. Coiteux soutenait qu’au pire de la déroute boursière vers la mi-mars 2020, la situation semblait se transformer en une crise de liquidités. Les marchés anticipaient une crise du crédit potentiellement plus grande que celle de 2008-2009. Les banques centrales et la Réserve fédérale américaine, en intervenant massivement, sont venues verrouiller, du moins pour l’instant, la crise de crédit qui aurait pu en résulter.

Quelles leçons aurons-nous apprises?

En terminant, M. Imbriglio a demandé à M. Coiteux de se projeter dans 15 ou 20 ans et de voir quelles leçons nous aurons tirées de cette expérience hors du commun.

« J’ai bon espoir qu’on pourra dire que nous avons eu la capacité de nous réinventer lorsque c’était nécessaire, que nous avons accéléré les investissements nécessaires et que nous avons bâti de la résilience économique et sociale », a déclaré M. Coiteux.

Visionnez en entier cet échange économique dynamique en ligne.

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