Au Québec, la culture, les loisirs et les spectacles sont les secteurs les plus touchés par la pandémie. Les répercussions de la crise ne sont pas seulement d’ordre économique : elles s’accompagnent d’une remise en question qui touche le futur même des artistes.
Dans le cadre d’un Rendez-vous tête-à-tête, le président de Raymond Chabot Grant Thornton, Emilio B. Imbriglio, a échangé avec la comédienne et présidente de l’Union des artistes (UDA), Sophie Prégent, sur les bouleversements dans le secteur de la culture au Québec depuis le début de la pandémie. Il est clair que le milieu de la culture ne sera plus comme avant et qu’il faudra mener une grande réflexion collective sur l’avenir des arts au Québec. Dans cette conférence, on aborde comment la communauté artistique s’est adaptée à la nouvelle réalité et comment on envisage l’avenir du milieu culturel.
Un secteur fortement touché par la pandémie
Le confinement et le couvre-feu ont interrompu plusieurs activités de culture et de loisirs. Malgré l’importance de ce secteur et en dépit du fait que ces productions soient très recherchées, des milliers d’artistes ont dû renoncer à exercer leur métier. La fermeture des salles de spectacle, des cinémas et des théâtres, l’interruption des concerts et l’arrêt des plateaux de tournage en mars dernier ont obligé des milliers de gens à cesser de travailler, ce qui a bouleversé les repères de nombreux artistes et en a même conduit plusieurs à revoir leur choix de carrière.
« Ce n’est pas normal pour un artiste interprète de ne pas s’exprimer et de ne pas aller à la rencontre d’un public », a déclaré Sophie Prégent, présidente de l’Union des artistes.
N’ayant aucune façon de gagner leur vie, des artistes d’expérience aussi bien que de nouveaux venus dans le métier se sont remis en question face à l’avenir incertain de leur carrière. En tant que présidente de l’UDA, Mme Prégent a entamé plusieurs démarches auprès des gouvernements pour faire connaître la réalité des artistes, trouver des solutions créatives et participer à l’élaboration de nouvelles façons de travailler dans le contexte de la pandémie.
L’UDA compte 13 000 artistes et regroupe les interprètes du monde audiovisuel (cinéma, télévision, publicité, doublage), ainsi que des arts de la scène (chanson, lyrique, humour, cirque, théâtre, danse). En plus de soutenir ses membres, l’UDA a su rapidement nouer des alliances stratégiques avec d’autres organismes œuvrant dans le milieu culturel afin de devenir plus forts ensemble pour faire face aux enjeux de la pandémie.
Le milieu artistique, miroir d’une société
Les artistes jouent un rôle sociétal dans notre communauté, car ils sont souvent des porte-parole d’injustices sociales et des précurseurs de mouvements sociaux importants. Ils ont de l’influence et ils sont de véritables vecteurs de changements sociaux.
L’un des grands chevaux de bataille de Sophie Prégent depuis son entrée en poste comme présidente de l’UDA est la diversité et l’inclusion. À l’UDA, le comité Mosaïque a été créé pour soulever les enjeux concernant la diversité.
« Il y a toutes sortes de diversités : il y a la diversité visible à l’écran, il y a aussi la diversité audible, comme par exemple ceux qui parlent français avec un accent. Il n’y a pas beaucoup de place encore à la télévision, on ne les voit pas et on ne les entend pas. Cela dit, on a beaucoup plus de diversité à l’écran aujourd’hui », explique Sophie Prégent.
« La place grandissante du numérique dans la façon de consommer la musique, la télé et le cinéma constitue un danger pour la culture francophone. Parce que la musique, la télé et le cinéma que nous créons reflètent ce que nous sommes, comme un effet miroir, ils nous rassemblent, véhiculent nos valeurs, nous font évoluer comme société. Avec le numérique, ce miroir s’amenuise et risque de se réduire à un point tel qu’il nous sera difficile de s’y reconnaître. »
Pour soutenir nos artistes, n’hésitez pas à faire un don à la Fondation des artistes.
Consultez l’article « Pandémie: les artistes sont «sacrifiés», selon Sophie Prégent », paru dans le journal Métro, le 28 janvier 2021.
Visionnez dès maintenant cet échange animé avec Mme Prégent.