Les temps changent, les besoins évoluent et les municipalités doivent en tenir compte pour planifier le développement des infrastructures ainsi que l’adaptation des équipements et de l’offre de services en loisir, sport et culture.
Du début des années 60 à la fin des années 80, cet exercice de planification était relativement facile, et ce, pour plusieurs raisons :
- Prévisions démographiques croissantes;
- Clientèles homogènes;
- Peu d’activités requises par les citoyens;
- Livraison de services quasi exclusivement municipale.
Actuellement, force est de constater que ce même exercice exige des dirigeants municipaux plus d’habiletés et de dextérité qu’autrefois.
Au fil des vingt dernières années de notre pratique spécialisée en loisir, en sport et en culture, nous avons déterminé sept enjeux complexes mais stimulants en matière de planification.
Les clientèles à servir sont variées
Elles sont de tous les âges, d’origines culturelles diverses et ont des modes de vie et de consommation distincts. Il est donc nécessaire de bien saisir la portée de ces nouvelles informations pour en dégager des stratégies municipales innovantes.
Les tendances évoluent rapidement
Les goûts et les intérêts des citoyens en matière de loisirs évoluant à vitesse grand V, les choix d’investissement des municipalités peuvent devenir rapidement obsolètes. C’est pourquoi les stratégies d’aménagement et de gestion doivent assurer aux municipalités des infrastructures et des équipements qui vieilliront bien et ne sont pas à risque de devenir vétustes et coûteux. Les municipalités doivent parfois faire des choix déchirants qui tiennent compte de la sensibilité des citoyens et du contexte social et politique.
La compétition est grande
De plus en plus d’entreprises et d’organismes gèrent des équipements et des offres de services en loisirs, ce qui soumet parfois les services municipaux à la concurrence. Il faudrait transformer cette situation en opportunité en optimisant les partenariats. Même si les municipalités ont déjà conclu des partenariats de ce type, ils seront encore plus nombreux et essentiels dans les prochaines années. Ajoutons à cela la nécessaire coordination avec les interventions des autres paliers de gouvernement en ce qui concerne les équipements sportifs et communautaires des écoles ou encore les équipements culturels financés par le ministère de la Culture, pour ne nommer que ces deux secteurs.
La gestion du financement doit viser l’équité
Au cours des prochaines années, la pression liée à l’équité du financement entre les activités et entre les organismes continuera d’augmenter. Ces dernières décennies, les municipalités ont fait des choix pour soutenir des types d’activités et des organismes (directement ou indirectement, par le financement d’infrastructures). Avec la croissance, voire l’explosion du nombre d’organismes et d’activités dans le domaine des loisirs, des sports et de la culture, les décideurs municipaux devront disposer d’outils d’analyse et d’aide à la décision performants en cette matière. Contrairement à l’enjeu relatif aux partenariats, où les municipalités sont assez avancées, il reste beaucoup de chemin à parcourir en ce qui a trait à la gestion équitable et stratégique du financement municipal des organismes et activités en sport, loisir et culture, notamment en matière d’événements et de festivals.
L’environnement prend de l’importance
Les enjeux climatiques et technologiques seront de plus en plus à prendre en considération. D’abord, dans la planification des infrastructures et des aménagements, notons les défis liés aux patinoires extérieures, à la climatisation des écoles (gymnase et salles communautaires, etc.), aux aménagements dans les parcs, espaces verts et places publiques (zones ombragées), etc. Ensuite, concernant les enjeux technologiques, distinguons ceux liés à l’amélioration des outils de gestion et ceux au service des activités (par exemple, avec l’évolution des bibliothèques du futur). Les progrès technologiques aideront les gestionnaires à améliorer le service à la clientèle et permettront le développement de véritables tableaux de bord et d’indicateurs de performance (lien à l’enjeu sur le financement).
Les citoyens s’impliquent davantage
La participation citoyenne prend également, d’année en année, de plus en plus d’importance dans les processus de planification. Toutefois, il ne suffit plus de sonder ou de rencontrer les citoyens et les organismes. Ils veulent dorénavant être partie prenante des diagnostics autant que des orientations. De plus, ils souhaitent même participer au design et au concept d’aménagement des équipements (co-création). Cela exige des dirigeants municipaux la maîtrise de nouvelles habiletés et aptitudes de planification.
La multiplication des outils demande une bonne coordination
Le nombre d’outils offerts aux gestionnaires municipaux comme instruments de planification en loisir, en sport et en culture se multiplie : politiques diverses (familiales, culturelles, saines habitudes de vie, etc.), plans directeurs (parcs et espaces verts, équipements sportifs ou culturels, etc.) stratégies sectorielles (sports d’élite, adaptations technologiques ou climatiques, santé publique, jeunesse, etc.). Bien que ces outils soient essentiels pour éviter toute improvisation, ils devraient fonctionner en intégration les uns avec les autres. Or, nous constatons trop souvent que ce n’est pas le cas.
Étant donné l’importance, tant financière que politique, de la gestion municipale des loisirs, des sports et de la culture, les décideurs municipaux devront trouver de nouvelles façons de planifier les infrastructures et l’offre de services dans ces domaines.