La conciliation famille-travail est un enjeu d’importance depuis plusieurs années déjà. Malgré cela, plusieurs mythes subsistent. Quels sont-ils ?
Les mesures de conciliation famille-travail (CFT) concernent tout le monde, dans différents secteurs d’activités. Elles ont pour objectif de faciliter la vie de tout le monde et, en bout de ligne, de préserver la santé et la productivité des employés. Voici quelques-unes des fausses perceptions dont il faut se défaire pour avancer dans la bonne direction.
1- La conciliation famille-travail touche-t-elle uniquement les parents et les femmes enceintes?
Non. Elle concerne aussi la proche aidance. On parle ainsi d’environ trois millions de Québécois puisque, selon l’Appui, l’organisme qui vient en aide à ces derniers, 34% de la population était considérée proche aidante en 2023.
Pour ce qui est des parents d’enfants de moins de 17 ans, 32% d’entre eux estimaient que leur travail interférait plus souvent que souhaité avec leurs activités familiales (Institut de la statistique du Québec, 2023).
Bref, on pourrait affirmer qu’à peu près tous les Québécois et Québécoises auront tôt ou tard recours à des mesures de conciliation famille-travail.
2- Est-ce seulement à l’employé de mieux organiser sa vie quotidienne ?
Non. Si certains le pensent, c’est sans doute qu’ils oublient qu’il existe des employés qui n’ont pas de réseau social pour les épauler. Ni grands-parents pour garder les enfants, ni frère ou soeur pour accompagner maman à son rendez-vous médical, ni d’aide à domicile pour s’occuper de son conjoint malade…
Comme le souligne Alison Herreras, conseillère chez Concilivi, c’est à toute la société de s’organiser. Cela inclut bien sûr le milieu de travail, soit la direction, les collègues et le syndicat. Quand tout le monde s’accorde sur l’importance de mettre en place des mesures, cela facilite grandement la conciliation et tout le monde en ressort gagnant.
3- Les mesures de conciliation sont-elle seulement destinées aux employés de bureau?
Apparemment, il s’agit d’une idée préconçue qui circule encore, mais non. Quel que soit le milieu de travail ou le poste occupé, tout le monde est susceptible d’avoir besoin de flexibilité dans le cadre de son emploi. «Ça prend une diversité de mesures pour une diversité de réalités», mentionne Alison Herreras en conférence.
Un parent ayant la garde partagée pourrait, par exemple, avoir la possibilité de travailler un peu moins d’heures durant sa semaine de garde, et compenser la semaine suivante. Une autre personne pourrait avoir des journées de congé fragmentées afin de remplir ses obligations familiales. D’autres mesures, comme un service de traiteur sur le lieu de travail ou encore la mise sur pied d’un groupe de soutien pour les proches aidants, pourraient aussi beaucoup aider.
4- Est-ce que les employés pourraient abuser de la situation ?
«Certains employeurs craignent de faire face à une augmentation des demandes d’accommodements et des cas d’abus de la part des employés. Cela peut arriver, mais ce n’est pas la norme», précise Alison Herreras. L’une des façons de contrer cette crainte est d’ouvrir la communication avec ses employés et d’apprendre à mieux connaître leur réalité. De plus, il est essentiel de former les gestionnaires sur la conciliation famille-travail afin qu’ils soient à même de reconnaître les réalités familiales d’aujourd’hui et de les distinguer des cas d’abus.
Cela dit, plusieurs études ont démontré les effets bénéfiques pour les employeurs de mettre en place des mesures CFT. Par exemple, selon un sondage Concilivi mené auprès de 3030 parents et personnes proches aidantes en emploi en 2023, plus de 80% des employés pouvant compter sur des mesures de conciliation famille-travail sont plus motivés et plus satisfaits – donc plus performants – et ont envie d’occuper leur poste plus longtemps, donc moins de roulement !
5- La mise en place de telles mesures nécessite-t-elle beaucoup de temps et de ressources ?
L’implantation de mesures de CTF se fait généralement à faible coût ou même à coût nul. De plus, toujours selon Concilivi, un employeur doit considérer le fait que de telles mesures font partie du top trois des critères les plus importants pour les gens à la recherche d’un emploi, et ce, pour 88% des répondants. Ceci sans compter que remplacer un employé coûte cher!
Selon un sondage de la firme Léger pour Concilivi en 2023, les employeurs jugent que les principaux effets positifs des mesures de conciliation famille-travail sont la satisfaction et la motivation accrue des employés ( 45%), l’amélioration du climat de travail (33 %), l’amélioration de la qualité du travail (33 %) et la baisse de l’absentéisme (25 %).
En somme, les mesures de conciliation famille-travail sont très bénéfiques, pour tout le monde!
Cet article est inspiré de la conférence tenue par Alison Herreras, conseillère chez Concilivi, qui a eu lieu les 14 et 15 mai lors de l’édition 2024 de Campus RH organisé par Raymond Chabot Grant Thornton.
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