Contrairement à d’autres secteurs de l’économie qui ont souffert de la fermeture des services non essentiels, l’industrie forestière tire bien son épingle du jeu jusqu’à présent.
La nouvelle réalité engendrée par la pandémie est encore en phase transitoire et n’a pas atteint de plein fouet tous les secteurs d’activité. C’est notamment le cas pour l’industrie forestière qui profite actuellement d’une demande accrue et, par conséquent, d’une hausse de tarifs pour les consommateurs.
L’industrie a toutefois subi, elle aussi, des dommages qui, bien que certains aient été présents avant la crise, ont été accentués par celle-ci. Comme la grande majorité des industries, des ajustements s’imposent.
Rareté de l’offre et hausse des projets
Différents facteurs influencent la demande en bois. D’abord, l’arrêt des activités en mars dernier a eu pour conséquence de créer une certaine rareté, entraînant ainsi une hausse des prix. Cette rareté a été accentuée par :
- une hausse de la réalisation de projets résidentiels;
- la sensibilisation à l’importance de l’achat local;
- la croissance des achats en ligne, nécessitant par la même occasion davantage de produits d’emballage ainsi que de palettes de bois pour le transport des marchandises.
Bien que cette importante hausse de la demande amène les usines à augmenter considérablement leur production, la croissance a aussi ses effets pervers. Pendant que les usines tournent à pleine capacité et que de nouvelles mesures de sécurité doivent être mises en place, les entrepreneurs négligent souvent de consacrer du temps à l’innovation.
Innover pour durer
De plus, la hausse de la consommation au Québec amène une baisse de la nécessité d’exporter notre bois vers d’autres marchés. Mais qu’adviendra-t-il de la consommation locale une fois la crise passée? Les Québécois consommeront-ils encore autant de bois que lors des premiers mois de la crise? Ces questions sans réponses créent une incertitude quant à la nouvelle réalité du marché; c’est pourquoi il est important pour l’industrie de placer l’innovation au cœur de ses priorités.
Attirer et conserver la main-d’œuvre
La chaîne de valeurs a aussi connu des changements importants qui ont des impacts directs sur les employés qui travaillent en forêt et qui doivent s’absenter du domicile familial plusieurs jours par mois. Durant le confinement du printemps dernier, ces travailleurs, comme beaucoup d’autres Québécois, ont passé plusieurs semaines près des leurs. Pour certains, et particulièrement pour ceux qui ont une famille avec de jeunes enfants, le retour en forêt a été difficile tant pour les travailleurs que pour leur famille. Le défi de main-d’œuvre que connaissait l’industrie avant la crise s’est donc accentué. Il est essentiel que les employeurs réussissent non seulement à recruter de jeunes travailleurs, mais également à les séduire pour les garder. Il s’agit d’un défi qui doit essentiellement être relevé pour la vitalité de cette industrie.
La crise de la COVID-19 a également devancé d’environ cinq ans les appréhensions de l’industrie par rapport à l’avenir du papier. Les papetières doivent rapidement s’adapter à cette nouvelle réalité.
Des exemples d’innovation payante
Groupe Lignarex inc., par exemple, a bien compris le défi qui l’attend au cours des prochaines années. Elle a totalement revu tout son cycle de production et consolidé sa chaîne de valeurs afin de solidifier les liens avec ses clients et fournisseurs. Granules L.G. inc., pour sa part, a misé sur l’innovation en optimisant son rendement par l’utilisation de la biomasse, un choix écologique et local. Voilà de beaux exemples de visions d’avenir!
Bref, la nouvelle réalité de l’industrie forestière est présentement en train de se définir. Il est temps de saisir l’occasion pour renforcer l’industrie et se donner une réelle filière forestière. Nous avons une ressource naturelle renouvelable d’une grande valeur. À nous de la valoriser autant qu’elle le mérite.