Comment réussir son transfert d’entreprise en période de crise

Publié le 16 avril 2025

Le transfert d’une entreprise présente des défis qui sont accentués par la crise actuelle, mais des solutions existent pour favoriser sa réussite.

Les crises, qu’elles soient externes (pandémie, pénurie de main-d’œuvre, crise économique, etc.) ou internes (turbulences managériales ou de marché), bouleversent profondément le processus de succession planifiée.

Les impacts majeurs d’une crise sur les plans de transfert

Comment tirer votre épingle du jeu malgré l’incertitude économique actuelle? Votre plan de relève doit s’adapter aux aléas qui risquent de survenir. Quels sont-ils?

Fragilisation du patrimoine financier

En période de crise, le patrimoine du cédant se trouve fragilisé. La première étape de votre plan de transfert consiste à sécuriser le patrimoine familial et à estimer la valeur de votre entreprise, mais cette valeur peut fluctuer considérablement, ce qui crée une incertitude sur les projections financières du cédant.

Détérioration des performances économiques

Si la crise affecte négativement la performance de votre entreprise, cela aura nécessairement un impact sur sa valorisation et la trésorerie, deux éléments fondamentaux dans un contexte de transfert.

Les échéanciers traditionnels sont également remis en question. Une entreprise qui prévoyait un transfert progressif sur trois à cinq ans devra peut-être prévoir cinq à huit ans pour atteindre sa cible finale. Ce rallongement n’est pas sans conséquence sur les attentes des différentes parties.

Vulnérabilité du capital humain

L’un des impacts les plus préoccupants concerne le capital humain. Les talents clés qui sont dans votre entreprise écoutent davantage des offres d’entreprises mieux positionnées face à la crise. Cette fuite potentielle des compétences stratégiques représente un risque majeur pour la continuité des opérations.

Déstabilisation des relations entre les parties prenantes

En période de crise, les relations avec les actionnaires et les partenaires connaissent des perturbations importantes. La confiance peut être ébranlée et les attentes doivent être recalibrées. Cette instabilité ajoute une couche de complexité supplémentaire au processus de transfert.

Des solutions stratégiques pour s’adapter

Face à ces défis, plusieurs approches permettent de sécuriser le processus de transfert.

Évaluer et diagnostiquer rapidement

La première recommandation à vous faire est d’identifier rapidement ce qui peut causer de l’anxiété financière aux cédants et aux repreneurs. Cette étape permet d’établir un diagnostic lucide de la situation et d’adapter la stratégie en conséquence.

Par une approche structurée (méthodologie des «sept essentiels»), on fait ressortir:

Équilibrer court terme et vision d’avenir

Un des pièges majeurs en période de crise est de se concentrer uniquement sur la survie immédiate. Assurez-vous de ne pas perdre de vue à la fois le très court terme et le très long terme.

Cette vision équilibrée implique de revisiter les intentions initiales du cédant, d’estimer à nouveau l’impact du contexte sur votre bilan patrimonial et de recalculer la valeur marchande de votre entreprise à la lumière des nouvelles réalités.

Revisiter la stratégie et les projections

Une crise impose une révision des fondamentaux stratégiques. Il devient essentiel d’explorer de nouvelles pistes : diversification, partenariats stratégiques, nouveaux marchés. Cette réflexion doit s’accompagner d’une réévaluation rigoureuse de vos projections financières.

Dans un contexte d’incertitude ou de bouleversement, les institutions financières rehaussent leurs exigences concernant les ratios financiers. Les seuils minimaux acceptables pour les ratios de couverture de la dette peuvent passer de 1,2 à 1,3 ou plus.

Vous devez ajuster vos modèles prévisionnels pour répondre à ces critères plus exigeants et assurer que le financement du transfert reste viable. Cette adaptation des projections permet d’anticiper les nouvelles attentes des prêteurs et de structurer le montage financier en conséquence.

Renforcer la gouvernance collective

Pour fidéliser les talents clés et augmenter la capacité de résilience de votre entreprise, une gouvernance collective peut être envisagée. Le repreneuriat collectif peut devenir une solution en ouvrant l’actionnariat à un employé clé ou à un groupe d’actionnaires minoritaires.

Cette approche, qui représente une tendance croissante, se décline en plusieurs modèles : fiducie d’employés avec participation minoritaire, modèle coopératif, actions fantômes offrant des avantages similaires à l’actionnariat sans en avoir le statut ou politiques de bonification attractives. L’objectif est d’impliquer dans le processus de gouvernance le plus de personnes possible, que ce soit au conseil d’administration ou au sein des sous-comités.

Développer des alliances commerciales

La consolidation apparaît comme une tendance forte dans le paysage entrepreneurial québécois. Les périodes de crise poussent souvent les entreprises à être proactives dans leur recherche de partenariats stratégiques. Si un partenaire ou un compétiteur n’a pas de solution de relève, un regroupement peut représenter une option mutuellement bénéfique.

Cette tendance s’inscrit dans un mouvement plus large observé au Québec. Le nombre d’entreprises augmente, mais le nombre d’entrepreneurs diminue. Cette consolidation offre des occasions d’augmenter la capacité de résilience face aux crises et d’assurer la pérennité des activités.

Anticiper et communiquer stratégiquement

Face aux incertitudes, choisissez de mettre en œuvre le plan de transfert plus tôt que prévu. Cette anticipation permet d’absorber les ralentissements potentiels et de vous ménager une marge de manœuvre.

Un plan de communication stratégique avec toutes les parties prenantes – employés, clients, fournisseurs, partenaires financiers – constitue également un levier important pour maintenir la confiance et sécuriser les ressources nécessaires pendant la période de transition.

Transformer la crise en occasion de renouveau

Bien que déstabilisantes, les périodes de crise peuvent devenir de bonnes occasions de repenser en profondeur le modèle d’affaires et le mode de gouvernance. L’essentiel est d’agir avec méthode et vision, en s’appuyant sur un leadership solide et une équipe compétente.