Diriger une entreprise vous conduira un jour ou l’autre à chercher du financement. Voici quelques conseils qui vous aideront à orienter vos démarches et à améliorer vos chances d’en obtenir, aussi bien à l’étape de démarrage qu’à celle d’expansion ou d’acquisition.
1. Soyez réalistes en ce qui a trait aux possibilités de recevoir des subventions
Tous les dirigeants d’entreprises souhaiteraient obtenir du financement sous forme de contributions non remboursables, au moins en partie, mais tous n’y ont pas accès. Il est vrai que certains semblent dénicher des subventions avec une grande facilité, cependant, il s’agit parfois d’une question de contexte essentiellement.
Par exemple, il est peu probable que vous obteniez d’importantes subventions pour ouvrir un restaurant. Par contre, si vous exploitez une entreprise de biotechnologie, vos activités de recherche et de développement peuvent, dans certains cas, être financées à plus de 80%. De façon générale, les secteurs de l’agroalimentaire (sauf celui de la restauration), de la culture, des hautes technologies et de la fabrication industrielle sont plus susceptibles d’être admissibles à des contributions que ceux du commerce de détail ou des entreprises de services. Dans tous les cas, peu importe le type d’entreprise que vous exploitez, vous devriez vous informer au sujet des programmes disponibles, particulièrement en matière de formation de la main-d’œuvre ou de développement de produits.
2. Prévoyez le financement avant de démarrer les activités de l’entreprise
Il est peut-être difficile de le croire, mais certains promoteurs démarrent leur projet d’entreprise sans en valider l’ensemble des coûts au préalable et sans s’assurer de disposer du financement nécessaire. Dans la plupart des cas, leur entreprise se retrouve rapidement à court de liquidités et avec un projet inachevé. Les promoteurs s’adressent alors à leur institution financière pour demander du financement et se retrouvent systématiquement aux prises avec des démarches complexes et interminables.
Au-delà du manque de liquidités dans l’entreprise, c’est surtout l’attitude du dirigeant, révélée par une telle situation, qui met les créanciers sur la défensive. Un entrepreneur qui se lance dans un projet sans d’abord en valider les coûts ni sa capacité à les assumer démontre un manque de compétence pour la planification et la gestion. Un tel comportement peut être interprété comme représentant un risque pour tout éventuel investissement dans l’entreprise.
3. Assurez-vous d’avoir les garanties suffisantes
Un investisseur cherche toujours à protéger son placement; par conséquent, exiger des garanties constitue pour lui un outil incontournable. Il ne sera donc pas étonnant que votre institution financière réclame une hypothèque sur l’équipement que vous vous apprêtez à acheter. Or, on oublie souvent que la santé financière d’une entreprise représente une garantie beaucoup plus importante qu’une hypothèque. Ce n’est donc pas parce que vous êtes en mesure d’offrir de l’équipement en garantie que votre créancier acceptera de vous accorder un prêt. Habituellement, lui-même n’a aucun intérêt à réaliser sa garantie lorsque l’entreprise est en difficulté. Il est plutôt rare qu’un créditeur réalise une bonne affaire en saisissant les biens d’un client et en les revendant par l’entremise d’un syndic de faillite. Par contre, il fera un gain si son client réussit en affaires et lui emprunte à nouveau de l’argent pour une prochaine phase d’expansion.
La prise d’hypothèque et le cautionnement personnel des prêts sont tout à fait habituels en matière de financement d’entreprises et il arrive que cette démarche aille un peu plus loin. C’est le cas lorsque votre institution financière vous demande une hypothèque universelle, c’est-à-dire une garantie sur l’ensemble des biens présents et futurs de l’entreprise. Cette garantie ne posera pas nécessairement problème dans la mesure où vous aurez développé une bonne relation d’affaires avec votre banquier et acquis la certitude qu’il vous accompagnera dans vos projets. Par contre, elle pourrait devenir un véritable fardeau dans l’éventualité où vous n’auriez plus le soutien de votre créditeur.
4. Envisagez des sources alternatives de financement
Certains oublient parfois que les banques ne sont pas les seules à proposer du financement aux entreprises. En fait, le nombre d’organismes qui offrent ce type de service est assez impressionnant. On peut penser aux différents ministères, aux banques de développement, aux organismes locaux et aux fonds spécifiques. À vrai dire, l’offre de financement pour les entreprises est tellement vaste que les institutions financières et organismes de financement développent des stratégies de plus en plus persuasives pour attirer de nouveaux clients. Cependant, le point commun à tous les prêteurs c’est qu’ils veulent financer des projets présentant un minimum de risque pour leur portefeuille. Si votre situation financière est précaire et votre projet, très risqué, il se peut bien que personne ne soit intéressé à vous avancer des fonds. Dans certains cas, vous pouvez envisager le partage du risque entre plusieurs créanciers comme solution; dans d’autres, vous devrez recourir à des stratégies plus coûteuses, par exemple, le financement par crédit-bail pour l’achat d’équipement. Cette dernière option ne devrait cependant jamais être envisagée sans une analyse des autres possibilités.
5. Développez une relation de confiance avec vos créanciers
Votre capacité à obtenir un prêt dépend grandement de la relation de confiance que vous serez en mesure de développer avec votre créancier. Vous n’avez aucun avantage à tenter de dissimuler les difficultés financières que vous rencontrez dans votre entreprise, ni même une déclaration de faillite qui remonte à 20 ans. De toute façon, ces informations seront probablement découvertes. D’ailleurs, l’honnêteté caractérisant les relations que vous établirez avec votre bailleur de fonds sera certainement le principal facteur qui le convaincra de réinvestir de l’argent dans votre entreprise si celle-ci se trouve en difficulté. Un mauvais promoteur échoue toujours, même lorsqu’il a un bon projet, mais un bon promoteur trouve toujours la façon de s’en tirer, même dans les moments difficiles. C’est à vous de montrer à votre créancier quel type d’entrepreneur vous êtes.
6. Planifiez adéquatement vos besoins de fonds de roulement
La plupart des projets d’affaires nécessitent la prévision d’un montant suffisant de fonds de roulement pour appuyer les opérations jusqu’à ce que les revenus soient au rendez-vous. Sauf exception, il est difficile de prédire avec précision les délais et les montants nécessaires. Par conséquent, non seulement il ne faut pas sous-estimer ces besoins, mais il faut prévoir une marge de manœuvre confortable dans l’éventualité où les ventes ne seraient pas aussi importantes qu’escomptées. Il est préférable d’avoir trop de liquidités au départ que d’être obligé de solliciter un nouvel emprunt à son créancier; ce serait alors un signe de mauvaise évaluation de vos besoins et de la rentabilité potentielle de votre projet d’affaires.
Un des aspects les plus complexes concernant votre fonds de roulement c’est d’arriver à convaincre votre créancier d’injecter dès le départ un montant important de liquidités même si vous ne pensez pas réellement en avoir besoin. Pour ce faire, vous devrez peut-être présenter une prévision financière assez optimiste pour le convaincre de financer votre projet, mais assez pessimiste pour justifier le besoin d’un important fonds de roulement. La ligne est parfois mince…
7. Considérez votre créancier comme un partenaire d’affaires
Si votre banquier refuse de vous octroyer un prêt, ce n’est pas nécessairement parce qu’il n’a pas bien compris votre projet. Au contraire, il l’a peut-être très bien compris, justement. Les prêteurs ont habituellement une très bonne expérience dans le domaine des affaires et un large éventail de clients. Ils savent quelles entreprises sont rentables et lesquelles ne le sont pas. Ils sont dans une excellente position pour bien saisir le potentiel de votre projet d’affaires, particulièrement si vous êtes vous-même novice en la matière.
Un bon prêteur se considère comme un partenaire d’affaires. À moins qu’il relève de graves problèmes dans votre entreprise, il ne vous dira pas comment la gérer, mais il s’efforcera de vous aider à trouver des pistes de solution pour améliorer votre gestion. Tout comme un partenaire, il est prêt à vous soutenir dans les moments les plus difficiles, mais pas à n’importe quel prix. Lorsque vous gagnez de l’argent, il en gagne aussi et lorsque vous en perdez, c’est pareil pour lui, dans bien des cas. Il sera prêt à réinjecter des fonds dans votre entreprise lorsque vous en aurez besoin, mais il s’attendra à ce que vous soyez en mesure de faire de même. Les dirigeants d’entreprise qui considèrent leurs créanciers comme des partenaires d’affaires ont beaucoup plus de chances de développer une attitude susceptible de les aider à obtenir le financement qu’ils désirent.