La fiscalité internationale est complexe pour les organisations et demande la contribution d’experts qui en maîtrisent les divers aspects.
Grâce au commerce en ligne, il n’a jamais été aussi facile de faire des affaires à l’international et de plus en plus d’entreprises décident de s’ouvrir à de nouveaux marchés.
C’est souvent à ce moment-là qu’elles ont besoin de conseils sur les incidences fiscales de leurs opérations transfrontalières. On en parle avec Me Maryse Janelle, associée spécialisée en fiscalité internationale et en taxes à la consommation au sein de la firme.
Quel est votre parcours?
J’ai commencé ma carrière comme avocate en droit de la jeunesse, en droit de la famille, en droit matrimonial et en droit carcéral. À un certain moment, j’ai décidé de faire un changement de carrière et je me suis tournée vers une maîtrise en fiscalité. C’est un domaine qui m’intéressait depuis longtemps. J’ai ensuite été embauchée dans une firme où j’ai travaillé pendant dix ans, puis je me suis jointe à Raymond Chabot Grant Thornton en 2005. Je suis associée en taxes à la consommation depuis 2013.
Quelle est votre spécialité en fiscalité?
Je dirige le groupe de pratique sur les taxes à la consommation. On assiste les entreprises étrangères dans leurs projets touchant le marché canadien et on soutient les entreprises canadiennes qui développent leur marché à l’extérieur du pays.
En mettant en œuvre des processus et des systèmes de contrôles fiscaux liés aux taxes à la consommation, on aide les entreprises à respecter leurs obligations en matière de taxes indirectes (TPS, TVH, TVQ, taxes de vente provinciales, taxes de vente et d’utilisation aux États-Unis, taxes sur la valeur ajoutée en Europe, etc.). On doit également s’assurer de tirer parti de toutes les possibilités de remboursement de taxes et de profiter des occasions pour limiter l’impact des taxes indirectes sur les activités de l’entreprise.
La particularité de notre pratique, c’est qu’on pose vraiment beaucoup de questions! Parfois, certains clients voudraient que ça aille plus vite, mais on a besoin de toute l’information pour s’assurer que le traitement des taxes est adéquat, que les taxes applicables sont bien perçues et remises et que toutes les taxes payables sont payées. Parfois, des détails qui peuvent sembler non pertinents se révèlent d’une importance capitale pour le traitement des taxes.
À quoi ressemblent vos mandats?
On travaille avec des entreprises de différents secteurs : finances, technologies de l’information, secteur manufacturier, import-export, secteur public (les villes, les organismes de bienfaisance, les écoles, etc.).
Les entreprises en croissance qui visent l’international nous occupent beaucoup. Avec les ventes en ligne, c’est plus facile de développer des affaires à l’étranger, mais ça vient avec son lot d’exigences au plan de la fiscalité. Les entreprises doivent se conformer aux lois fiscales d’autres juridictions. Il faut s’assurer que les processus sont adéquats pour ne pas avoir de surprises.
Mais la fiscalité, ce n’est pas que des chiffres. Il faut faire des recherches sur les entreprises qui nous contactent. Il m’est même arrivé de visiter des usines afin de bien comprendre le processus de production, entre autres. La curiosité envers les affaires de nos clients est la clé pour devenir un bon praticien en taxes à la consommation.
Comment fonctionne le travail à l’intérieur de vos équipes?
On travaille beaucoup avec les différents services offerts par notre firme. On peut collaborer avec l’équipe transactionnelle, concernant le financement, pour voir si une entreprise qui est acquise a vraiment la valeur qu’elle affiche, par exemple.
On accompagne aussi nos associés en certification pour contrôler que les états financiers reflètent bien la valeur de l’entreprise et qu’aucun risque matériel en lien avec l’application des taxes de vente n’est omis aux fins des états financiers.
On peut aussi se joindre à nos collègues en fiscalité corporative quand une entreprise fait une réorganisation, afin de s’assurer que les transactions projetées n’ont pas d’incidence sur les taxes de vente ou que les impacts sont moindres et pris en charge.
On travaille aussi avec nos collègues de Grant Thornton International qui ont des clients qui font des affaires ici. Ces derniers peuvent être tenus de s’inscrire et de percevoir les différentes taxes de vente du Canada.
D’ailleurs, à l’inverse, les experts du réseau nous soutiennent lorsque nos entrepreneurs locaux développent de nouveaux marchés à l’extérieur de l’Amérique du Nord. C’est un partage de ressources enrichissant et une occasion à saisir pour certains experts. Récemment, un collègue qui avait travaillé au bureau de Paris s’est joint à l’équipe de taxes indirectes de Québec. À l’inverse, une de nos ressources est allée travailler pendant une année au bureau de Sydney en Australie.
Qu’est-ce qui, selon vous, distingue Raymond Chabot Grant Thornton?
Notre firme est axée sur le développement économique du Québec, avec une direction au Québec, des décisions qui sont prises au Québec, pour des entrepreneurs québécois. Ça me rejoint.
Qu’est-ce qui vous motive le plus dans votre travail?
Un des aspects intéressants pour les fiscalistes, c’est que, grâce à la variété des mandats qui nous sont confiés, on apprend quelque chose tous les jours. Certains en viennent aussi à se spécialiser dans certaines sphères, comme les taxes de vente américaines, le secteur public, les technologies, les cryptomonnaies, etc. Chacun y trouve son compte.
Êtes-vous impliquée en tant qu’experte dans la communauté?
Je suis vice-présidente de la section Taxes à la consommation, douanes et commerce de l’Association du Barreau canadien. J’ai enseigné la fiscalité dans plusieurs universités et je participe au programme d’accélération du commerce international de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Je donne aussi plusieurs conférences pour différentes associations professionnelles. La communication me passionne. J’adorais plaider!
Quelle réalisation professionnelle vous rend le plus fière?
Une de mes plus grandes fiertés, c’est mon équipe. C’est de permettre à des professionnels d’évoluer, de se développer et de grandir. Si chacun va plus loin au sein de l’équipe, ça permet aussi à l’équipe d’aller plus loin.