S’orienter dans les dédales de la fiscalité canadienne peut être ardu. Le soutien d’un expert compétent et attentif fait souvent la différence.
Accompagner les individus et les entreprises afin d’optimiser leur fiscalité est une source de gratification pour un expert, tout comme le soutien lors de l’achat ou de la vente d’une entreprise, un processus qui peut s’avérer complexe.
Sylvain Gilbert, fiscaliste et associé chez Raymond Chabot Grant Thornton, nous explique en quoi consiste son travail.
Quelle est votre spécialité en fiscalité?
J’ai une expertise plus pointue en fiscalité canadienne. Dans bien des cas, je travaille à optimiser la structure corporative d’un client pour qu’elle soit fiscalement avantageuse, évolutive et qu’elle permette aux actionnaires de profiter au maximum de la législation par une réduction de leur charge fiscale globale.
Plusieurs mandats concernent le développement de stratégies pour aider les actionnaires d’une entreprise à planifier leur relève efficacement, ou sont une demande de soutien et de conseils pour la vente ou l’achat d’entreprise.
Souvent, je représente les clients dans des contextes où ils ont reçu des avis de cotisation d’impôt des gouvernements du Québec et du Canada. Donc, j’analyse le dossier du client afin de bien comprendre et de clarifier une situation qui peut être stressante pour lui. J’identifie les arguments favorables pour sa défense et je négocie avec les instances gouvernementales pour conclure une entente de règlement.
À l’occasion, je collabore avec les avocats spécialisés en litige fiscal dans le but de préparer la défense d’un client dont le dossier se rendra devant la Cour.
Pouvez-vous donner un exemple de mandat type?
Souvent, on accompagne un client qui veut vendre une entreprise, ou qui a reçu une offre d’achat, et qui veut structurer son organisation pour optimiser ses revenus. Donc, on tente de diminuer l’impôt à payer le plus possible dans un contexte de vente d’actions ou d’actifs.
On fait aussi l’analyse des documents financiers et juridiques, les calculs, si nécessaire, et la production des formulaires prescrits par les lois fiscales. L’objectif est d’aider le client à conclure une transaction fiscalement et financièrement avantageuse.
Pourriez-vous donner un exemple d’un cas plus inhabituel?
Dans un dossier complexe, on a mis trois ans pour défendre notre client auprès des autorités fiscales et on a fini par l’emporter sur presque toute la ligne. Un des actionnaires de l’entreprise, âgé de plus de 60 ans, m’a avoué s’être senti déchargé d’un grand poids. Faire faillite à son âge et recommencer sa carrière était inimaginable dans sa situation. La conclusion de la transaction a été un soulagement total pour lui, au point où il m’a serré longuement dans ses bras, très ému.
Vous attendiez-vous à un travail si près des émotions?
Non! On doit souvent rassurer nos clients, car ils vivent du stress. Dans les situations compliquées, quand des sommes importantes sont en jeu, la lenteur du processus de négociation et de vérification avec les gouvernements génère beaucoup de nervosité chez les clients. À la fin, c’est tout un plan de retraite qui peut se jouer. Je dis que notre rôle est aussi technique que psychologique. Il faut continuellement donner confiance à nos clients et offrir notre soutien.
Aussi, lorsqu’on négocie une transaction, ça se passe à toute heure du jour ou du soir, fins de semaine incluses. C’est prenant, mais aussi motivant. On peut passer des nuits blanches à s’occuper d’un dossier et à gérer les émotions des gens.
Mais je suis vraiment sur mon X et je suis à l’aise avec cette pression.
Quel a été votre cheminement professionnel?
Mon père était entrepreneur et il m’invitait à des réunions avec son fiscaliste, pour qui il avait beaucoup d’estime. Ça m’a inspiré.
J’ai toujours travaillé chez Raymond Chabot Grant Thornton. J’ai même fait mes stages ici pendant mon programme coopératif à l’Université de Sherbrooke. J’ai commencé en certification, en tant que comptable. À 24 ans, je suis allé faire une maîtrise en fiscalité.
Pour la firme, j’ai été conseiller, conseiller principal, directeur, et je suis devenu associé en 2009. J’ai gravi les échelons assez vite, parce que j’ai consacré beaucoup de temps et d’efforts à améliorer mes connaissances techniques tout en m’impliquant dans le développement des affaires. J’ai fait beaucoup de présentations en fiscalité, j’ai enseigné à l’université pendant une dizaine d’années, j’ai donné des entrevues aux médias pour mieux me faire connaître. J’ai aussi suivi des formations pour mieux communiquer. Je n’ai pas fini de progresser ici!
Quelles sont vos motivations?
Je veux être capable de faire la différence pour une personne, avoir le sentiment d’être utile. Je comprends que je ne fais pas des opérations à cœur ouvert, mais même si je travaille avec des chiffres et des lois, ça peut avoir une très grande importance dans la vie de quelqu’un.
À quoi ressemblent vos interactions avec les collègues?
J’essaie de mettre les autres en valeur. On est une trentaine de fiscalistes au bureau de Sherbrooke et j’aime quand je peux faire rayonner des collègues et leur permettre de dépasser les limites qu’ils se sont fixées.
Dans ce contexte, j’ai toujours du plaisir à travailler en équipe. J’aime m’entourer. Même quand je vais en vacances dans le Sud, j’y vais avec des collègues du bureau. Ils font partie de ma famille, vraiment.
Quels conseils donneriez-vous à un jeune candidat?
Démontrer de l’intérêt aux personnes, tant les clients que les collègues. Quand un client fait affaire avec une firme crédible, il s’attend à ce qu’on soit compétent, mais la différence qu’on peut faire est dans l’intérêt qu’on porte à l’autre.
Il faut aussi être persévérant si on veut avoir du succès dans ce domaine. L’intelligence ne suffit pas.
Enfin, soyez au courant de l’actualité, investissez dans votre culture générale. Au-delà des chiffres, ça nous rend bien plus intéressant à côtoyer.